jeudi 12 février 2009

Pales appâts


Pales appâts

















Trois heures du matin, je rentre chez moi, accompagnée de mes ombres. J'en ai plein : les réverbères jouent avec moi... Il y a celles de mon passé de passante, pas à pas dans les rues et leurs vies; des vies brèves, éphémères qui ont mélangé leurs ombres à la mienne le plus souvent dans une cordiale indifférence. Il en est d'autres plus amères dont mes côtés s'inquiètent, vulnérables.
La ville a changé, elle multiplie les lumières pour cacher le vide, sans adoucir la laideur. Seuls quelques travailleurs nocturnes font du bruit dans leur ombre. Ils n'interpellent plus personne, je sais, je suis vieille, m'enfin dans la nuit ça ne se voit pas? Et puis les échanges savoureux, mélanges de tendresses et d'insultes ne se déclinaient pas avec l'âge, le sexe, la religion...

Les ombres s'engouffrent dans la lumière froide, celles des soucis quotidiens, des inquiétudes sociales. Elles éliminent les rêves qui auraient voulu m'accompagner, la lune souriante au travers des nuages, les arbres qui parlent, les animaux qui hantent. Quelques statues, seules, attendent mon départ pour continuer leur conversation sans fin.

Tout est plat, inquiétant de solitude construite, de chaleur gommée, de renoncements partagés.
Je comprends mieux la révolte du feu.




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